La CCDH renouvelle ses appels pour une enquête sur les massacres provoqués par les médicaments psychiatriques

La recrudescence récente de fusillades de masse a ravivé l’inquiétude à propos du comportement violent et suicidaire provoqué par les médicaments psychotropes, prescrits en dépit de dizaines d’avertissements des agences de sécurité du médicament concernant la possibilité de ces effets secondaires. Chaque cas devrait être étudié par rapport à ces prescriptions.

Par CCHR International
Organe de surveillance du domaine de la santé mentale

20 avril 2021

Les armes à feu et la psychiatrie« Le lien entre les antidépresseurs et la violence, y compris le suicide et l’homicide, est bien établi. »  – Patrick D. Hahn, professeur affilié de biologie à l’Université de Loyola dans le Maryland

Un rapport du département de la police métropolitaine d’Indianapolis du 3 mars 2020 mentionne une évaluation mentale pour tendances suicidaires. [3] Le Bureau de santé comportementale a décidé d’un placement en psychiatrie parce que l’homme prévoyait de se suicider en se faisant tuer par la police. [4] Chaque année, de 2015 à 2018, il y a eu entre 261 et 290 incidents de fusillade « suicides par police interposée ». [5] Avec la réapparition des fusillades de masse, la Commission internationale des citoyens pour les droits de l’homme (CCDH) réitère son appel aux agences fédérales et étatiques pour enquêter sur les liens potentiels entre de tels massacres et les médicaments psychiatriques qui peuvent provoquer la violence. Lors de l’incident le plus récent, un jeune de 19 ans a tué huit personnes par balle et en a blessé plusieurs autres dans un immeuble de FedEx à Indianapolis, avant de se suicider. [1] Sa famille a exprimé ses sincères excuses aux victimes. Déjà l’année précédente, la mère du suspect avait contacté les forces de l’ordre pour signaler que son fils était susceptible de tenter de commettre un « suicide par police interposée  (suicide by cop)* ». Il a été placé en détention provisoire sous forme d’internement involontaire en institution de santé mentale. [2]

On ne sait pas si des médicaments psychotropes lui ont été prescrits qui ont pu exacerber son comportement. La CCDH souligne que les médicaments psychiatriques n’excusent pas le crime. Toutes les personnes qui prennent des psychotropes ne deviendront pas violentes ou suicidaires, dit-elle, mais sur la base des effets indésirables des médicaments psychiatriques, un certain pourcentage le deviendra. Considérant qu’un américain sur six qui a reçu une telle prescription et même si les effets secondaires conduisant à des incidents violents sont rares, cela justifie une enquête des autorités.

Le rapport complet du CCHR, Psychiatric Drugs Create Violence & Suicide: Putting the Community at Risk (Les médicaments psychiatriques créent la violence et le suicide : la population est mise en danger), disponible gratuitement en ligne, expose le sujet en détails avec plus de 30 études à l’appui.

Ann Blake Tracy, Ph.D., chef de la Coalition internationale pour la sensibilisation aux drogues, avertit d’un tout nouveau vocabulaire résultant de l’utilisation répandue d’antidépresseurs – et de son lien avec un comportement violent – incluant des termes tels que « violence au volant », « meurtre» / suicide », « péter les plombs » et « suicide par police interposée ». [6]

En mai 2015, un ancien combattant suicidaire a tiré 11 coups de feu lors d’une rencontre avec la police à Spokane dans l’État de Washington, ce pourquoi il a été reconnu coupable d’agression en février 2016. Un homme, âgé de 26 ans, qui travaillait à l’hôpital pour l’administration des vétérans de Spokane, a déclaré qu’il essayait intentionnellement de forcer la police à lui tirer dessus en tant qu’acte suicidaire. Cet homme avait précédemment tenté de se suicider en surdosant des médicaments sur ordonnance alors qu’il prenait un antidépresseur, la paroxétine. En dépit du fait que ce médicament puisse provoquer des pensées suicidaires, les médecins avaient toutefois doublé la dose de l’antidépresseur. Il a déclaré: « On n’aurait jamais dû me prescrire ce médicament. Quand j’ai fait ma première tentative de suicide, on aurait dû me le faire arrêter immédiatement. Le juge de la Cour supérieure du comté de Spokane a regretté, mais était tenu par la loi de le condamner à 10 ans de prison. [7]

Une analyse statistique de plus de trois décennies de données montre qu’en 2011, les États-Unis sont entrés dans une nouvelle ère dans laquelle les fusillades de masse se produisaient plus fréquemment. Selon un rapport de la justice américaine le nombre annuel d’incidents a triplé, passant d’une moyenne de cinq par an avant 2009 à environ 15 par an depuis. En 2004, la Food and Drug Administration (Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux) a apposé un avertissement des plus sévères sur les emballages d’antidépresseurs pour avertir du risque de comportement suicidaire chez les moins de 18 ans et plus tard jusqu’à 25 ans [8].

Une étude suédoise de 2015 a montré que les jeunes âgés de 15 à 24 ans à qui on avait délivré des ordonnances pour antidépresseurs étaient plus susceptibles d’être reconnus coupables d’homicides, agressions, vols qualifiés, incendies criminels, enlèvements, infractions sexuelles ou autres crimes violents lorsqu’ils consommaient ces médicaments que lorsqu’ils n’en prenaient pas. Le risque de commettre un crime violent augmentait de 43% s’ils en prenaient.[9]

Joseph Glenmullen, psychiatre de la faculté de médecine de Harvard, a mentionné : « L’irritabilité et l’impulsivité » dus aux antidépresseurs, par exemple, « peuvent rendre les gens suicidaires ou conduire à l’homicide ». [10] « Le lien entre les antidépresseurs et la violence, y compris le suicide et l’homicide, est bien établi », a également déclaré Patrick D. Hahn, professeur affilié de biologie à l’Université de Loyola dans le Maryland. [11]

Le Dr David Healy, expert international en psychopharmacologie, a averti : « La violence et autres comportements potentiellement criminels causés par les médicaments sur ordonnance sont le secret le mieux gardé de la médecine.» [12]

La CCDH remarque que la réponse habituelle à ces massacres, s’ils sont commis par une personne qui a été sous traitement psychiatrique, est d’exiger davantage de traitements et proposer des lois d’internement facilité pour empêcher les massacres. Mais ceci est manifestement erroné.

La CCDH est un Organe de surveillance du domaine de la santé mentale depuis 52 ans qui a aidé à obtenir plus de 190 lois dans le monde entier pour se protéger des abus psychiatriques. Elle fournit une base de données sur les effets secondaires des médicaments psychiatriques, en ligne, pour que les consommateurs soient mieux informés des risques potentiels signalés aux agences de sécurité du médicament.

Les références:

[1] “Suspect in Indianapolis mass shooting was former FedEx employee, known to law enforcement,” Fox 59 News, 17 Apr. 2021, https://fox59.com/news/indianapolis-fedex-shooting/ap-officials-identify-suspect-in-mass-shooting-at-indianapolis-fedex-facility/

[2] Ibid. ; https://www.ibtimes.sg/who-was-brandon-scott-hole-fedex-shooter-had-history-mental-illness-never-got-help-56882

[3] “What we know about Brandon Scott Hole, suspect in Indianapolis shooting at FedEx Center,” Indy Star, 18 Apr. 2021, https://www.indystar.com/story/news/crime/2021/04/16/brandon-scott-hole-indianapolis-fedex-shooting-suspect-id/7257819002/

[4] “FedEx shooter identified as 19-year-old Indianapolis resident who ‘voiced suicidal ideation,’” Indy Star, 17 Apr. 2021, https://www.indystar.com/story/news/2021/04/16/indianapolis-fedex-mass-shooting-suspect-identity-update/7251111002/

[5] “Suicide by Cop: Protocol and Training Guide,” Police Executive Research Forum, https://www.policeforum.org/suicidebycop, citing: Patton, Christina L. and Fremouw, William J. “Examining ‘suicide by cop’: A critical review of the literature. Aggression and Violent Behavior, 27 (2016) 107-120.

[6] Ann Blake Tracy, “Suicide & Death Can Lurk in Each SSRI Pill,” Rense.com, http://www.rense.com/general77/lurk.htm

[7] Jeff Humphrey, “Army vet gets nine years for suicide by cop attempt,” KXLY news, 3 Mar. 2016, http://www.kxly.com/news/local-news/spokane/army-vet-gets-nine-years-for-suicide-by-cop-attempt_20161121034442715/176407731; “Man seeking ‘suicide by cop’ found guilty of assault,” The Spokesman-Review, 11 Feb. 2016,https://www.spokesman.com/stories/2016/feb/11/man-who-encouraged-spokane-police-to-shoot-him-fou/; “Spokane judge reluctantly sentences man to long prison term,: The Spokesman-Review, 3 Mar. 2016, https://www.spokesman.com/stories/2016/mar/03/spokane-judge-reluctantly-sentences-man-to-long-pr/

[8] Psychiatric Drugs Create Violence and Suicide, CCHR International Report, 2018, https://www.cchrint.org/pdfs/violence-report.pdf, citing: “Rate of Mass Shootings Has Tripled Since 2011, Harvard Research Shows,” Mother Jones, 15 Oct. 2014, http://www.motherjones.com/politics/2014/10/mass-shootings-increasing-harvard-research; “Holder: Mass shootings triple,” Politico, 21 Oct. 2013, https://www.politico.com/story/2013/10/us-mass-shootings-tripled-098617

[9] https://www.cchrint.org/2021/01/12/study-funds-should-review-child-deaths-suicide-and-violence-from-psych-drugs/ citing: C. Mitchell Shaw “Study: Psychiatric Drugs Linked to Violent Crime,” The New American, 21 Oct. 2015, https://thenewamerican.com/study-psychiatric-drugs-linked-to-violent-crime/

[10] “FDA Mulls Antidepressant Warnings,” Daily Press, 21 Mar. 2004, http://articles.dailypress.com/2004-03-21/news/0403210207_1_dr-joseph-glenmullen-corey-baadsgaard-school-shootings-and-murder-suicides

[11] Patrick D. Hahn, “Antidepressants: a deadly treatment?” Baltimore Sun, 11 Apr. 2015, http://www.baltimoresun.com/news/opinion/bs-ed-antidepressants-violence-20150411-story.html

[12] https://www.cchrint.org/2021/01/12/study-funds-should-review-child-deaths-suicide-and-violence-from-psych-drugs/ citing: John Horgan, “What ‘60 Minutes’ Gets Wrong in Report on Mental Illness and Violence,” Scientific American, 2 Oct. 2013, https://blogs.scientificamerican.com/cross-check/what-e2809c60-minutese2809d-gets-wrong-in-report-on-mental-illness-and-violence/.

*Le suicide par police interposée est une méthode de suicide dans laquelle une personne agit délibérément d’une manière menaçante vis-à-vis d’un représentant des forces de l’ordre en vue de provoquer chez celui-ci une réponse armée, typiquement se faisant tirer dessus, dans le but de mourir.

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