CCHR soutient la requête d’un jeune homme de 22 ans pour stopper le traitement par électrochocs imposé

« Nous devons anticiper le recours aux électrochocs imposés à des individus et prendre position en faveur de M. Helmer. » – Jan Eastgate, Présidente de CCHR International

Un jeune homme du Minnesota se bat contre un traitement ordonné par le tribunal consistant en électrochocs dommageables pour le cerveau et qui lui est imposé. CCHR cite un rapport des Nations Unies qui stipule que l’ECT constitue une torture (ECT = électroconvulsivothérapie, autre terme désignant les électrochocs, NDT). Cette pratique devrait être interdite par toutes les lois sur la santé mentale, affirme le groupe.

De CCHR International

Groupe de Surveillance de la Santé Mentale

30 mars 2021

Le groupe de Surveillance de la Santé mentale, la Commission des Citoyens pour les Droits de l’Homme international, aide d’autres groupes et individus concernés qui s’élèvent en faveur de cet homme de 22 ans du Minnesota qui demande l’arrêt du traitement par électrochocs, imposé par le tribunal et dont il ne veut pas. CCHR et al. ont écrit au gouverneur Tim Walz et au médiateur de la Gestion Publique des Programmes des Soins de Santé, dans le but d’aider Charles Helmer, un homme qui a eu dans le passé des problèmes mentaux mais insiste que les électrochocs, 460 volts d’électricité envoyés dans le cerveau, sont nocifs.

Helmer a fait part à des amis de ses inquiétudes concernant le fait de perdre sa personnalité, à laquelle il attache une grande importance, à cause de la perte de ses libertés, de médication forcée et des électrochocs. Le tribunal lui a imposé de vivre dans un centre d’hébergement et de se présenter une fois par semaine pour un « traitement » par électrochocs à la clinique M Health Fairview de Riverside à Minneapolis. [1]

L’initiative d’aide à M. Helmer est due à un groupe de défense des droits des patients, Mind Freedom, indépendant et sans lien avec CCHR, mais Jan Eastgate, présidente de CCHR International affirme que CCHR se sentait dans l’obligation d’aider. Jan Eastgate apparaît dans le documentaire Thérapie ou Torture : La vérité sur les électrochocs, où elle raconte sa propre expérience des électrochocs au même âge que M. Helmer, presque 50 ans auparavant. On lui avait prescrit l’ECT pour une « dépression » qui s’est avérée être un problème d’insuffisance thyroïdienne non diagnostiquée se manifestant comme de la dépression. « Ça a pris des années pour surmonter les effets de cette pratique draconienne si bien que même la Food and Drug Administration (Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux Ndt) avertit qu’elle peut causer la mort. LECT doit être banni en tant que forme de torture électrique », dit Jan Eastgate.

Elle ajouta qu’elle était révoltée que, de nos jours et à notre époque, une personne soit contrainte par un tribunal ou un psychiatre de subir cela, affirmant en outre : « Il est totalement impensable, aux États-Unis ou ailleurs, qu’aujourd’hui une personne puisse être anesthésiée et subir des électrochocs contre son gré ce qui peut la dépouiller de ses souvenirs, de ses aptitudes cognitives et provoquer des dommages au cerveau. Aucun docteur en médecine générale ne peut contraindre un patient à suivre un traitement médical sans son consentement. Et pourtant, nous avons là des psychiatres affirmant d’un côté que leurs patients méritent les mêmes droits que les patients de médecine générale tandis que, d’un autre côté, ils les privent de ce même droit de choisir. Ce jeune homme est, de plus, mis en danger par les tribunaux qui sont amenés à croire que les électrochocs sont « un traitement nécessaire. »

CCHR fait remarquer que les lois du Minnesota concernant les électrochocs non-consentis appartiennent au passé et sont une violation de la convention des Nations Unies contre la « torture et autres traitements et punitions cruels, inhumains ou dégradants » convention signée par les États-Unis en 1988.

En 2013, le rapport de Juan E. Méndez, Rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, précise que l’ECT peut franchir le seuil de la maltraitance, équivalent à la torture ou traitement ou punition, cruelle, inhumaine ou dégradante. En particulier, il demande « l’abolition définitive de toutes les interventions médicales forcées, non consenties à l’encontre de personnes handicapées, ceci incluant l’administration de psychochirurgie, d’électrochocs et de médicaments qui altèrent l’esprit… » [2]

En juillet 2018, un rapport du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, « Santé mentale et les droits humains » faisait également appel aux gouvernements pour qu’ils reconnaissent le traitement psychiatrique forcé, incluant l’ECT, comme étant des pratiques constitutives de torture et autres traitements et punitions, cruels, inhumains ou dégradants. » [3]

Le regretté Juge John Slattery en Australie décida que l’administration d’ECT sans le consentement du patient ou bien avec un consentement obtenu par fraude ou tromperie constitue « une violation de la personne » et est « responsable d’une attaque sur sa personne. » [4]

« Je hasarderais l’hypothèse que les tribunaux n’en sont pas informés. Dans un tribunal d’instance ou une cour d’assise, le traitement par électrochocs sans consentement peut constituer une violation et une attaque, et pourtant, cette même attaque faite sous la protection d’une loi sur la santé mentale, s’appelle « thérapie » et est autorisée, » proclama Jan Eastgate. [5]

En 2018 à Los Angeles, l’avocat David Karen représentait des consommateurs alléguant avoir subi de dommages du cerveau dus à un appareil à électrochocs. Karen rapporta que le tribunal d’instance du district pour le district central de Californie a décidé qu’il y avait des preuves suffisantes pour qu’un jury raisonnable conclu qu’un important appareil à ECT provoque des blessures au cerveau [6]

Le fabricant a réglé la situation puis a posté sur son site internet que l’ECT peut causer des dommages permanents au cerveau. [7]

La lettre de CCHR au gouverneur du Minnesota évoque tout cela et s’inquiète des intérêts privés potentiels d’un psychiatre affilié à l’établissement où M.Helmer reçoit les électrochocs. Le docteur a reçu 41 516 dollars en remboursements Medicare pour les seuls électrochocs sur un total de 68 patients en 2015 et 2018.

« Nous devons avancer au-delà du fait de compter sur les électrochocs imposés à des individus et prendre position pour aider M. Helmer, » affirmait Jan Eastgate.

Depuis 1969, CCHR a contribué à obtenir plus de 180 lois en faveur de la protection de la santé mentale des patients, incluant le consentement éclairé pour l’ECT et son interdiction sur des mineurs dans certains États. Il y a une pétition en ligne avec plus de 122 000 personnes qui soutiennent l’interdiction des électrochocs. Le groupe a également posté un appel pour que d’autres soutiennent M. Helmer et écrivent aux autorités du Minnesota.

 

Références:

[1] “ALERT: PROTECT CHARLES HELMER FROM FORCED ELECTRO-SHOCK IN MN BEFORE THIS FRIDAY,” Mad in America, 24 Mar. 2021, https://www.madinamerica.com/2021/03/alert-protect-charles-helmer-forced-electro-shock-mn-friday/

[2] A/HRC/22/53, “Report of the Special Rapporteur on torture and other cruel, inhuman or degrading treatment or punishment, Juan E. Méndez,” United Nations, General Assembly, Human Rights Council, Twenty-second Session, Agenda Item 3, 1 Feb. 2013, p. 23, https://www.ohchr.org/Documents/HRBodies/HRCouncil/

Regular Session/Session22/A.HRC.22.53_English.pdf

[3] “Mental health and human rights:  Promotion and protection of all human rights, civil, political, economic, social and cultural rights, including the right to development,” Annual report of the United Nations High Commissioner for Human Rights and reports of the Office of the High Commissioner and the Secretary-General, Human Rights Council, 10-28 Sept. 2018, p. 14, point 46, https://www.ohchr.org/Documents/Issues/MentalHealth/A_HRC_39_36_EN.pdf

[4] The Hon. Mr. Acting Justice, J.P. Slattery, A.O., “Report of the Royal Commission Into Deep Sleep Therapy,” NSW Royal Commission, Vol. 6, 1990, p. 96.

[5] The Hon. Mr. Acting Justice, J.P. Slattery, A.O., “Report of the Royal Commission into Deep Sleep Therapy,” NSW Royal Commission, Vol. 6, 1990, p. 96.

[6] David Karen, “ECT Litigation Update: Are Patients Being Warned of Brain Damage Risk?” MAD, 13 June 2019, https://www.madinamerica.com/2019/06/ect-litigation-patients-not-warned-brain-damage-risk/.

[7] http://www.thymatron.com/catalog_cautions.asp.

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