Quand la vivacité devient un trouble : témoignage d’un père face à la médicalisation de l’enfance

La médicalisation rapide du comportement chez l’enfant, en particulier la prescription de psychotropes comme la Ritaline, questionne de plus en plus familles, professionnels et associations. Le témoignage qui suit est celui d’un père interpellant la société sur le droit – et même le devoir – de s’interroger avant toute mise sous traitement médicamenteux de son enfant.

La Commission des Citoyens pour les Droits de l’Homme (CCDH) rappelle que le consentement libre et éclairé est un principe fondamental et inaliénable :

  • Aucun dépistage, diagnostic ou traitement psychiatrique ne doit être imposé sans l’accord préalable et éclairé des parents ou du représentant légal, y compris toute information claire, factuelle et complète sur les risques et les alternatives.

  • Selon les recommandations de l’ONU, les approches non-médicamenteuses doivent être privilégiées et la Suisse doit se doter d’une politique de santé mentale respectueuse des droits de l’enfant et des familles.

Le témoignage ci-après illustre ce vécu parental et réaffirme la nécessité absolue de restaurer ce droit essentiel.

« Bonjour,

Je suis le papa d’un enfant merveilleux de 12 ans, plein d’énergie. Et comme l’énergie, c’est la vie, j’en suis profondément heureux. Mon fils est adorable.

Je suis séparé de sa maman. De son côté, elle a estimé que cette énergie était « insupportable ». Elle a alors décidé de le faire passer une batterie de tests psychologiques. Résultat : le diagnostic d’un « trouble de l’attention », qui a ouvert la porte à une consultation psychiatrique. Et là, on lui a proposé un traitement médicamenteux : de la Ritaline.

Nous avons rencontré ensemble un premier psychiatre. Celui-ci m’a demandé de rédiger un courrier autorisant la prescription de Ritaline pour mon fils. En réponse, j’ai rédigé un document récapitulant notre échange, en y incluant les risques évoqués oralement par ce même psychiatre lors de notre entretien. À la réception de ce courrier – qui ne faisait que refléter nos discussions – le psychiatre a refusé de prescrire la Ritaline. Comme si le simple fait d’écrire noir sur blanc les risques avaient rendu le traitement… trop risqué.

Il faut comprendre une chose essentielle : si un accident médicamenteux se produit, ce sont les parents demandeurs qui en assumeront les conséquences. Et notre fils, bien sûr, qui en subirait les effets directs.

La maman a décidé que notre fils devait prendre de la Ritaline, elle a donc engagé une action devant le tribunal de Versailles. Le tribunal de Versailles a donné raison à la maman et m’a retiré l’autorité parentale. Pour eux, je suis « la personne qui dérange ».

Nous en sommes arrivés à une situation absurde où des psychiatres prescrivent de la Ritaline à des enfants de 12 ans comme s’il s’agissait d’un remède miracle. Certains d’entre eux vont même jusqu’à la promouvoir sur les réseaux sociaux.

Dans nos écoles, les classes sont surchargées et les enseignants à bout. Le moindre enfant un peu dynamique devient un problème à « corriger » médicalement. On ne cherche plus à comprendre l’enfant, on cherche à le faire taire.

Pour tenter de comprendre par moi-même les effets de ce traitement, j’ai pris une décision extrême : tester la Ritaline sur moi-même.

J’ai 50 ans, je pèse 75 kg, je fais du sport trois fois par semaine. Avant d’obtenir une ordonnance, j’ai dû consulter un psychiatre et un cardiologue, passer des analyses sanguines, un test à l’effort, une échographie du cœur, un enregistrement de ma tension sur 24h… Tout cela pour une molécule qu’on donne à des enfants de 12 ans.

J’ai pris une dose minimale. Les effets ont été abominables :

  • sensation d’invulnérabilité (je coupais la parole à mes collègues sans même m’en rendre compte),
  • palpitations, oppression dans la poitrine,
  • sensation de « tête dans un étau »,
  • et une grande fatigue en fin de journée.

Ce témoignage n’a pas pour but de condamner tous les traitements ou tous les professionnels. Mais il soulève une question essentielle :

Avons-nous encore le droit de nous interroger, sans être sanctionnés, sur les traitements qu’on administre à nos enfants ? »

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