Contrairement aux gros titres dans la presse, au moment de sa mort, Robin Williams était drogué aux antidépresseurs

Par Kelly Patricia O’Meara
10 novembre 2014

 

Si on en croit la presse, les résultats de l’autopsie de l’acteur et comédien bien-aimé Robin Williams, qui s’est tragiquement suicidé il y a environ trois mois, montreraient qu’aucune drogue n’a été trouvée dans son organisme au moment de sa mort, comme en témoignent les gros titres de USA Today, NBC News, la BBC et d’autres médias. Ceux-ci ont en effet affirmé que «ni alcool ni drogue» n’avaient été trouvés. Aucune affirmation ne saurait être plus fausse.

Le rapport du médecin légiste déclare qu’un antidépresseur était dans l’organisme de Williams au moment de sa mort: la mirtazapine (aussi connue sous le nom de Remeron). Or ce médicament fait l’objet de 10 avertissements émis par des agences de réglementation des médicaments du fait qu’il provoque des idées suicidaires.

Selon les résultats de l’autopsie, Williams était non seulement sous l’influence d’antidépresseurs, mais on a aussi trouvé sur les lieux du suicide un puissant antipsychotique, le Seroquel, que Williams semble avoir pris peu avant. En effet, alors que les tests de toxicologie se sont apparemment avérés négatifs pour le Seroquel, le fait demeure qu’il manquait huit comprimés dans une bouteille de Seroquel prescrite à Williams le 4 août, soit seulement sept jours avant son suicide. Or, la notice du Seroquel conseille de prendre un comprimé par jour en cas de besoin. Il faut savoir que les effets secondaires associés au Seroquel sont notamment les suivants: psychose, réactions paranoïdes, délires, dépersonnalisation et tentatives de suicide.

Dès lors, la question qui doit être posée est pourquoi la presse continue-t-elle de promouvoir l’idée qu’aucune drogue n’a été trouvée dans l’organisme de Williams? A quel moment les médicaments psychiatriques, qui ont des effets secondaires rivalisant avec ceux de l’héroïne ou du crack, ont-ils cessé d’être appelés des drogues? Et pour ceux qui ont « mentionné » dans la presse qu’on avait constaté la présence d’antidépresseurs dans le corps de Williams, ce constat semble mettre en avant le fait que «les concentrations thérapeutiques» des médicaments psychiatriques «avaient amélioré sa condition et l’avaient gardé actif jusqu’à sa la mort».

Il s’agit là d’une vision très trompeuse des événements qui ont mené au tragique suicide de Williams, surtout si l’on considère qu’il recevait un «traitement» de santé mentale et qu’il était en plus sous la surveillance d’un psychiatre, n’abusait pas de drogues illégales et n’avait pas «rechuté».

Les faits concernant les antidépresseurs sont les suivants:

  • Les rapports d’effets indésirables de médicaments du service Medwatch de lpa FDA font état de 470’000 effets indésirables de médicaments psychiatriques entre 2004 et 2012. La FDA admet que seul 1% des effets secondaires lui sont communiqués, de sorte que le nombre réel d’effets secondaires est assurément beaucoup plus élevé.
  • La mirtazapine (aussi connue sous le nom de Remeron) a été assortie d’un avertissement «black box» de la FDA, car elle peut provoquer des suicides.
  • Il y a dix avertissements relatifs au suicide associés à la mirtazapine; le suicide est l’un des deux plus fréquents effets secondaires signalés à la FDA pour cet antidépresseur.
  • Medwatch, le système de la FDA à qui sont envoyés les rapports d’événements indésirables liés à des médicaments, a enregistré 411 rapports de suicides ou de tentatives de suicides liés à l’antidépresseur mirtazapine (et la FDA estime que seul 1% d’effets secondaires lui sont rapportés).
  • 90’000 visites aux urgences sont attribuées aux médicaments psychiatriques chaque année aux Etats-Unis.
  • 23’755 suicides sont attribués aux médicaments psychiatriques chaque année, rien qu’aux Etats-Unis.
  • Parmi les effets secondaires d’antidépresseurs documentés par les agences internationales de régulation des médicaments, on peut mentionner, en plus des pensées suicidaires, les effets suivants: hallucinations, délires, aggravation de la dépression, dépersonnalisation, manie, psychose et automutilation.

Compte tenu de ces données, on ne peut que se demander pourquoi l’usage de drogues psychiatriques par Williams a effectivement été ignoré par les organisations qui ont rapporté l’évènement. Un examen attentif révèle en effet une tout autre histoire tragique.

Ce qu’on a trouvé dans l’organisme de Williams, ce sont des médicaments psychiatriques ayant des effets secondaires, qui rivalisent non seulement avec les drogues illicites, mais sont aussi assortis d’un avertissement «black box» de la FDA (avertissement le plus sérieux de cette agence fédérale) du fait qu’ils augmentent les pensées suicidaires.

Le fait est que les pensées suicidaires figurent parmi les effets secondaires possibles pour deux des médicaments qui avaient été prescrits à Williams, à savoir le Seroquel (qu’il semble avoir pris dans la semaine précédant son suicide) et l’antidépresseur qui était encore dans son organisme au moment de son suicide. En outre, si l’on considère que le système Medwatch de la FDA a enregistré 411 suicides et tentatives de suicide liés à l’antidépresseur mirtazapine (et que la FDA estime à 1% les effets secondaires qui lui sont communiqués), il apparaît encore plus étrange que la presse mondiale ignore même la possibilité que ces médicaments pourraient être impliqués dans le suicide de Williams.

La mort du comédien bien-aimé est une grande perte, mais la tragédie est encore aggravée par la presse traditionnelle qui occulte le lien sérieux et bien connu entre le suicide et les médicaments psychiatriques que Williams prenait. Si seulement il avait repris dans sa vie personnelle les sentiments de l’un de ses meilleurs rôles dans le film L’Eveil: «L’esprit humain est plus puissant que n’importe quelle drogue, et c’est ce qui doit être nourri: avec le travail, le jeu, l’amitié, la famille. Ce sont-là les choses qui comptent.»

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