La CCDH célèbre 50 ans de lutte pour mettre fin aux abus de la psychiatrie

À l’occasion de son 50anniversaire, la Commission des Citoyens pour les Droits de l’homme récompense des réalisations exceptionnelles et passe en revue ses réalisations.

Article original de CCHR International

19 avril 2019

Des défenseurs des droits de l’homme, des législateurs, des médecins, des avocats et des leaders communautaires et civiques du monde entier se sont réunis à l’hôtel Langham à Pasadena le 13 avril pour célébrer le 50anniversaire de la Commission des citoyens pour les Droits de l’homme (CCDH) et la remise des Prix des Droits de l’homme. Des dizaines de proclamations, d’éloges et de lettres de félicitations par lesquels des groupes gouvernementaux et communautaires rendent hommage à cette étape importante de la CCDH témoignent des nombreuses réalisations de cette association dans le domaine des droits de l’homme.

  • Niall McLaren, psychiatre australien, a écrit que le travail de la CCDH est « essentiel si nous voulons contrer la propagande sans fin de la psychiatrie déshumanisante » et « l’idée que les jeunes malheureux ou en difficulté doivent avoir leurs droits humains retirés et recevoir des drogues pour devenir normaux. »
  • Oleg Kilkevich, enseignant en soins infirmiers dans une université américaine, a déclaré que la CCDH « a une longue histoire de lutte courageuse et acharnée en faveur des droits de l’homme. Elle a été à l’origine de nombreuses grandes réformes qui protègent aujourd’hui les patients contre les “traitements cruels, inhumains ou dégradants” comme cela est spécifié dans l’article 5 de la Déclaration universelle des droits de l’homme ».
  • Le professeur Lothar Krappmann, ancien membre du Comité des droits de l’enfant de l’ONU, a écrit ceci : « Si vous soulignez que j’ai accompli quelque chose pour les enfants qui sont soumis à de faux diagnostics et à des traitements incorrects, je dois alors préciser que cela a été possible grâce aux bonnes informations et aux documents que la CCDH m’a transmis. »

Chaque année, la CCDH décerne des Prix des Droits de l’homme à des personnes qui font preuve d’un courage exemplaire dans la lutte pour le rétablissement des droits humains fondamentaux dans le domaine de la santé mentale.

Cette année, les lauréats du Prix des Droits de l’homme de la CCDH sont les suivants :

  • Depuis plus de 30 ans, le procureur texan Andy Vickery affronte les entreprises pharmaceutiques pour condamner les effets de violence et de suicide provoqués par les psychotropes. La sentence pour 6,4 millions de dollars prononcée en faveur de la famille d’un homme qui avait tué trois proches, puis s’est suicidé après avoir pris l’antidépresseur Paxil a transpercé l’armure de la défense juridique de cette industrie. M. Vickery considère qu’il faut aller au-delà des obstacles et de l’opposition pour dénoncer et obtenir ce qui est juste. Sa passion pour la justice envers les victimes des drogues psychiatriques a incité le journal Indianapolis Star à le surnommer « le cauchemar juridique d’Eli Lilly and Co ».
  • Lors de la remise de ce prix, M. Vickery a déclaré ceci : « Cette année, la CCDH célèbre son 50e anniversaire d’expression de la vérité aux personnes influentes. Autrement dit, elle a transmis une vérité impopulaire, mais essentielle aux personnes qui détiennent le pouvoir et qui ne désirent peut-être pas l’entendre. » « Je vous félicite pour votre dévouement et votre ténacité et je salue les efforts de la CCDH et son soutien continu dans ce sens. »
  • Le cinéaste Kevin P. Miller, lauréat du Prix
    des Droits de l’Homme 2019 de la CCDH

    Kevin Miller, scénariste, producteur et réalisateur, a mis en évidence les préjudices profonds et pénibles des psychotropes dans ses documentaires inimitables Generation Rx et Letters from Generation Rx. Les millions d’antidépresseurs et autres psychotropes prescrits ont montré les dangers cachés de ces médicaments. Ces documentaires racontent l’histoire de milliers de personnes qui ont personnellement vécu ces méfaits. « Nous devons nous plonger dans la vie d’autres personnes victimes de tels méfaits ou qui ont subi ce genre de pertes inconcevables » qui sont présentés dans ces documentaires, a déclaré M. Miller. « Ce soir, c’est le courage que nous honorons tous au moment de rendre hommage à la CCDH et à tout ce qu’elle représente et soutient, son 50e anniversaire de défense des droits de l’homme. »

  • Allison Folmar, avocate des libertés civiques à Detroit

    Allison Folmar, avocate des libertés civiques à Detroit, s’est également spécialement exprimée lors de ce gala, déclarant : « En tant qu’avocate des libertés civiques qui travaille depuis de nombreuses années avec la CCDH, je suis honorée d’être ici pour rendre hommage aux 50 années que la CCDH a passé à lutter pour la justice et les libertés dans le système de la santé mentale. » Mme Folmar s’est également dit honorée d’être la dernière personne à devenir membre du conseil consultatif de la CCDH International : « De faire maintenant partie de ce groupe prestigieux de conseillers me donne encore plus envie de mettre sur pied une armée encore plus nombreuse d’avocats pour combattre aux côtés de la CCDH », parce que « trop de parents, trop de familles ont été lésés, trompés, menacés, contraints et forcés par l’industrie psychiatrique. »

En 1969, la CCDH a été co-fondée par l’Église de Scientologie et Dr Thomas Szasz, professeur de psychiatrie. Son premier cas d’abus concernait le sort du réfugié hongrois Victor Gyory qui avait été interné contre son gré à l’hôpital d’État Haverford en Pennsylvanie après que des psychiatres aient diagnostiqué son « bafouillage dans le langage » comme une « schizophrénie ». Il avait reçu des drogues et des électrochocs contre son gré. La CCDH a déposé une ordonnance d’habeas corpus. Le Dr Szasz a certifié que le « bafouillage » de Gyory était du hongrois et la CCDH a obtenu sa sortie de l’hôpital.

Comme l’a déclaré le regretté Thomas Szasz, cofondateur de la CCDH, « La tâche que nous nous sommes fixée, à savoir combattre la coercition psychiatrique, est importante. C’est une noble tâche que nous devons poursuivre, quels que soient les obstacles. Notre conscience exige que nous ne fassions pas moins que cela. »

Au début des années 1970, durant l’apartheid en Afrique du Sud, la CCDH a découvert que des psychiatres avaient interné 10’000 Noirs et les utilisaient comme esclaves. La CCDH a documenté leurs crimes, parmi lesquels le fait de leur administrer des électrochocs sans anesthésie et de les laisser mourir de maladies ordinaires faciles de traiter. Elle les a dénoncés à l’Organisation mondiale de la santé qui a mené son enquête sur ces camps, puis a publié un rapport en 1983, déclarant que « dans aucun autre domaine médical… il existe un tel mépris de la personne par racisme, exprimé avec autant de précision que dans la psychiatrie ».

Après la chute de l’apartheid, la CCDH a obtenu une enquête officielle du gouvernement sur le racisme psychiatrique dans les institutions psychiatriques. Elle a également témoigné devant la Commission Vérité et Réconciliation d’Afrique du Sud, présentant un historique détaillé sur les études de santé mentale qui ont contribué à enraciner et à perpétuer l’apartheid, ainsi que le rôle de la psychiatrie dans les abus de l’apartheid. En 2001, un ministre du gouvernement sud-africain a félicité la CCDH pour son courage, sa bienveillance et son combat exemplaire contre la psychiatrie de l’apartheid qui avait « ouvertement discriminé le peuple noir ».

En 1976, la CCDH a contribué à l’adoption en Californie d’une loi interdisant l’utilisation des électrochocs (ECT) et de la psychochirurgie sur les enfants et les adolescents. Aujourd’hui utilisée comme modèle dans le monde entier, cette loi a motivé d’autres pays à adopter des restrictions et, en Australie-Occidentale, des sanctions pénales si l’ECT était administrée à des mineurs.

Pendant une décennie, la CCDH a enquêté et dénoncé les traitements par sommeil profond (DST) à l’hôpital psychiatrique privé Chelmsford de Sydney en Australie. Les patients – dont 48 sont morts – étaient rendus inconscients par des médicaments et des électrochocs administrés quotidiennement. Suite à cela, une loi sur la santé mentale a été adoptée en 1983 qui précisait que l’utilisation des DST par les psychiatres était un acte criminel. Puis en 1990, une Commission Royale s’est penchée sur les DST et les traitements psychiatriques. Patrick Griffin, avocat australien qui représentait la CCDH dans cette Commission Royale, a déclaré ceci : « La campagne menée par la CCDH au sujet de l’hôpital Chelmsford et pour la mise sur pied d’une Commission Royale a été l’opération la plus longue et la plus approfondie de l’histoire de ce pays en matière de dénonciation, d’investigation et de travail d’intérêt général – sans pareil ! ».

Après que la CCDH ait dénoncé les conditions inhumaines pratiquées dans les asiles italiens, 97 d’entre eux ont été fermés et les patients ont été secourus et ont appris à prendre soin d’eux-mêmes pour la première fois de leur vie.

En Allemagne, la CCDH a enquêté sur le rôle qu’ont joué certains psychiatres allemands et l’Institut de psychiatrie Max Planck dans l’Holocauste, notamment en aidant à légitimer la stérilisation et le meurtre des personnes déclarées « inaptes ». En 2017, le Dr Peter Shulte, sociologue, a écrit ceci en réponse à cette enquête : « L’Institut de psychiatrie Max Planck a fait tout ce qu’il pouvait pour empêcher la réfutation ou la suppression des allégations sur son passé. »

Cependant, la recherche de la CCDH a culminé par la publication en 1995 de Les psychiatres : les hommes derrière Hitler. En 2010, le Dr Frank Schneider, président de l’Association allemande de psychiatrie, de psychothérapie et de psychosomatique (DGPPN), a exprimé par écrit ses excuses et a avoué que les psychiatres allemands « ont menti et trompé les patients qui étaient sous leur responsabilité, ainsi que leurs familles, en leur imposant la stérilisation, en organisant leur mort et même en les tuant eux-mêmes. Ils ont également assassiné des enfants physiquement et mentalement handicapés dans plus de 30 hôpitaux psychiatriques et pédiatriques. » La DGPPN est même allée plus loin en disant que les psychiatres avaient aussi « établi les bases scientifiques du programme d’euthanasie ».

En 1991, la CCDH a fortement contribué à ce que des audiences soient tenues par la FDA sur les antidépresseurs et les réactions suicidaires et meurtrières qu’ils provoquent chez les patients qui en prennent. Il a fallu 13 ans de travail acharné avec l’aide de parents, d’experts médicaux et d’avocats pour forcer la FDA à émettre une mise en garde « encadrée en noir » signalant que les antidépresseurs peuvent provoquer des pensées et des actes suicidaires chez les personnes âgées de 18 ans et moins – une mise en garde qui a été prolongée jusqu’à 24 ans.

En 2004, la CCDH a également participé à l’acceptation d’une loi fédérale aux États-Unis (Interdiction de l’utilisation sécuritaire de médicaments chez les enfants) qui interdisait aux écoles de forcer les élèves à prendre des psychotropes prescrits par un médecin comme condition préalable à leur scolarisation.

En 2007, la CCDH a contribué à garantir que le projet de loi de réforme de la FDA rende obligatoire dans toutes les publicités pharmaceutiques écrites la recommandation aux patients de signaler les effets indésirables des médicaments directement à la FDA. Suite aux premières publicités, le nombre de rapports sur des effets indésirables de médicaments a augmenté de 33 %.

Pendant près de 30 ans, la CCDH a mené des enquêtes sur les fraudes psychiatriques, incluant des psychiatres qui commettaient des abus sexuels sur leurs patients qu’ils facturaient par la suite comme « thérapie », qui facturaient des traitements jamais dispensés et même des traitements à des patients qui étaient morts. Les hôpitaux psychiatriques qui pratiquaient qu’avec des buts lucratifs ont donc dû payer plus de 2 milliards de dollars en amendes au niveau civil et pénal depuis le début des années 90. La CCDH a contribué à l’adoption de 28 lois dans le monde entier qui édictent maintenant que tout abus sexuel de patients par des praticiens de la santé mentale est considéré comme une infraction criminelle passible de prison. Et 170 psychiatres et psychologues en moyenne sont actuellement sanctionnés ou condamnés chaque année pour des crimes, notamment pour des abus sexuels et des escroqueries.

La CCDH a écrit à de nombreuses reprises au Comité des droits de l’enfant des Nations Unies (CDE), signalant la prescription massive de psychotropes aux enfants dans 14 pays. La CDE a réagi en tenant des audiences sur le taux croissant d’enfants dont le diagnostic indiquait un trouble de l’hyperactivité avec déficit de l’attention (TDAH) avec prescription de psychostimulants. Elle a recommandé la mise en place d’un système de « surveillance de l’usage excessif de psychostimulants chez les enfants ».

En 2010 et en 2012, la CCDH de Nouvelle-Zélande a rapporté au Comité des Nations Unies contre la torture des violations des Droits de l’homme à l’hôpital de Lake Alice où des ECT et d’autres techniques psychiatriques coercitives ont été utilisées pour punir des enfants. L’ONU a réagi en ordonnant au gouvernement néo-zélandais de mettre en place des systèmes pour éviter à l’avenir les abus psychiatriques.

Le travail fait par la CCDH pendant des décennies pour dénoncer la forme de torture des traitements psychiatriques a été reconnu dans un rapport du Rapporteur des Nations Unies sur la torture en 2013 qui condamnait les traitements de choc utilisés de façon coercitive et appelait les États à « imposer une interdiction absolue de toute intervention médicale forcée ou non consentie sur des personnes handicapées, notamment l’administration non consentie de psychochirurgie, d’électrochocs et de psychotropes ».

Près de 200 lois et d’innombrables règlements garantissant les Droits de l’homme dans le domaine de la santé mentale témoignent aujourd’hui de la passion et de la persévérance des membres, partenaires et partisans de la Commission des Citoyens pour les Droits de l’homme.

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