Co-fondateur de la CCDH, le Dr Thomas Szasz nous a quittés à l’âge de 92 ans

Le professeur Thomas Szasz, champion emblématique de la liberté, pionnier dans la lutte contre la psychiatrie cœrcitive et co-fondateur de la Commission des Citoyens pour les Droits de l’Homme (CCDH), est décédé à l’âge de 92 ans. Considéré par de nombreux savants et académiciens en tant qu’autorité dans la critique de la psychiatrie, le Dr Szasz est l’auteur de centaines d’articles et de plus de 35 livres sur le sujet. Le premier ayant pour titre Le Mythe de la maladie mentale, un livre qui a ébranlé les fondations de la psychiatrie lors de sa publication il y a plus de 50 ans.

Professeur émérite de psychiatrie à l’Université d’Etat de New York, savant adjoint à l’Institut Cato[1], membre à vie de l’Association Américaine de Psychiatrie, membre de l’Académie internationale de Psychologie médico-légale. La longue liste de ses accomplissements dans le domaine éducationnel, ses diplômes, honneurs, listes biographiques et récompenses parlent d’elles-mêmes.

Aux yeux du monde, il fut le critique le plus en vue de la psychiatrie et de ses pratiques abusives, ainsi qu’un tribun et un orateur brillant. Pour ceux qui ont eu le privilège de travailler à ses côtés, il était spirituel, charmant, charismatique et courageux. Mais, par-dessus tout, il fut un défenseur de la liberté individuelle. Comme le déclarait le professeur Richard E. Vatz, de l’Université de Towson[2]: «Thomas S. Szasz a fermement défendu les valeurs humanistes et le libre-arbitre contre tous ceux qui cherchent à maintenir la liberté humaine dans des chaînes de leurs propres confusions conceptuelles, erreurs et trahisons préméditées.»

Le Dr Szasz a longtemps critiqué l’utilisation de la psychiatrie en tant que moyen de contrôle social et politique en déclarant: «Bien que nous l’ignorions, de notre temps, nous avons été les témoins de l’Etat thérapeutique. Il s’agit de l’implication majeure de la psychiatrie en tant qu’institution de contrôle social. Lorsque je prononce le terme d’«Etat thérapeutique», je le prononce de manière ironique, il est thérapeutique pour les gens qui s’occupent d’enfermer les autres, et qui appliquent les thérapies. Ce n’est thérapeutique ni pour les victimes, ni pour les patients.»

L’alliance du Dr Szasz et de la CCDH s’est faite à partir de cette philosophie fondamentale.

Il n’a pas seulement écrit et parlé de l’utilisation de la psychiatrie cœrcitive, il a personnellement représenté les victimes de celle-ci. En 1969, il a pris la défense d’un réfugié hongrois, Victor Gyory, qui avait été interné dans un établissement psychiatrique contre son gré en institution psychiatrique, dépouillé de ses vêtements, mis en isolement forcé et soumis à des électrochocs. Szasz établit que Gyory avait été étiqueté schizophrène par les psychiatres uniquement à cause de son incapacité à parler anglais. Suite au témoignage de Szasz, le directeur de l’hôpital autorisa Gyory à quitter l’établissement, une victoire qui constitua un précédent contre l’internement involontaire et la psychiatrie coercitive. Puis, en 1969, Szasz devint co-fondateur de la Commission des Citoyens pour les Droits de l’Homme avec l’Eglise de Scientologie, en tant qu’organisme de surveillance de la santé mentale.

De son alliance avec la CCDH, Szasz a déclaré: «C’était alors la seule organisation, et c’est encore la seule organisation, qui essaie activement de libérer les malades mentaux qui sont incarcérés dans des hôpitaux psychiatriques alors qu’ils n’ont rien, qu’ils n’ont commis aucun crime et qui veulent simplement sortir de l’hôpital. Et à mes yeux, cela était une cause de valeur et c’est toujours une cause de valeur. Nous nous devons d’honorer la CCDH parce qu’il s’agit d’une organisation qui, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, à mis en place une voix efficace aux niveaux politique, social et international afin de combattre la psychiatrie. Ceci ne s’est jamais produit dans l’histoire de l’humanité auparavant.»

Depuis sa création, il y a plus de 43 ans, la CCDH (www.cchrint.org) a aidé à adopter plus de 150 lois et réformes qui protègent les individus contre les pratiques abusives ou cœrcitives. La CCDH a l’honneur et le privilège d’avoir travaillé aux côtés du Dr Thomas Szasz depuis plus de 43 ans et poursuivra sa lutte contre les pratiques abusives et cœrcitives psychiatriques, dont elle a hérité, jusqu’à ce que la liberté individuelle et les droits de l’Homme, dans le domaine de la santé mentale, soient assurés pour tous.

Ce que d’autres ont à dire au sujet de Thomas Szasz

«Le Dr Szasz apporte une véritable contribution en nous alertant à propos des abus, existants et potentiels, des droits de l’Homme, inhérents aux programmes et aux procédures de la santé mentale. Il souligne, par des exemples frappants, les lacunes dans les procédures d’internement, les insuffisances dans les protections accordées aux patients dans les établissements psychiatriques et les dangers, pour les juges et les jurys, de trop compter sur l’expertise psychiatrique.» – Arthur J. Goldberg, ancien juge à la Cour suprême des Etats-Unis

«Il n’est pas exagéré d’affirmer que le travail de Szasz soulève de grands enjeux sociaux qui méritent l’attention des décideurs et même, de tous les Américains informés et socialement conscients… Il a, très probablement, fait plus que n’importe quel autre homme pour alerter le public américain sur les dangers potentiels d’une société excessivement psychiatrisée.» – Edwin M. Schur, The Atlantic[3]

«Personne n’attaque la pensée irresponsable et la folie avec la moitié de la précision et le zèle que ne le fait Thomas Szasz.»
– John Leo, rédacteur en sciences sociales pour US News & World Report[4]

«Szasz est un tribun brillant… Il peut traiter un sujet aussi sombre que la folie et son contexte social, dans un livre extraordinairement divertissant.» – The New York Times Book Review[5]

«Tout au long de sa brillante carrière… Thomas Szasz a défendu fermement les valeurs humanistes et le libre-arbitre contre tous ceux qui cherchent à maintenir la liberté humaine dans les chaînes de leurs propres confusions conceptuelles, erreurs et trahisons préméditées.» – Dr Richard E. Vatz, professeur à l’université d’Etat de Towson et Lee S. Weinberg, professeur de droit à l’université de Pittsburgh[6]

«Thomas Szasz reste unique parmi les observateurs contemporains des implications sociales, éthiques et politiques de la psychiatrie. Chaque argument qu’il avance et chaque mot qu’il choisit mérite notre attention la plus soutenue.» – Paul Roazen, auteur de A la rencontre de Freud

«Pendant des décennies, Thomas Szasz a publiquement défié les excès qui obscurcissent la raison. Le médicalisation de la vie de tous les jours, offre une perspective pleine de bon sens à propos d’un dogme dominant. C’est seulement à travers une vision claire que des choix intelligents peuvent être faits. Un écrit indispensable pour tous les professionnels du domaine de la santé, et pour tous ceux qui sont sujets à leurs effets néfastes.» – Jeffrey K. Zeig, Dr en philosophie, Directeur de la fondation Milton Erickson[7]

  1. Institut Cato (Cato Institute): fondé en 1977 à San Francisco, en Californie, il fait la promotion des politiques publiques fondées sur la liberté individuelle, un gouvernement limité, des marchés libres et des relations internationales pacifiques.
  2. Université de Towson: située dans la banlieue de Towson, à 13 km au nord de Baltimore, dans le Maryland, à l’est des Etats-Unis. Cette université associe la recherche basée sur l’apprentissage à la pratique.
  3. The Atlantic Monthly: magazine mensuel culturel américain créé en novembre 1957. Il est connu aussi sous le nom de The Atlantic.
  4. U.S. News & World Report: magazine hebdomadaire américain. Considéré comme conservateur, il est le troisième magazine le plus vendu aux Etats-Unis après Time et Newsweek. Il est issu de la fusion, en 1948, de United States News, fondé en 1933, et de World Report. Depuis 1983, ce magazine publie chaque année un classement des universités américaines connues, parfois controversé.
  5. The New York Times Book Review: supplément hebdomadaire du journal The New York Times, qui couvre l’actualité et les sorties littéraires. Il est disponible en deux versions: l’une, sous forme de magazine indépendant du journal, disponible par abonnement ou chez les distributeurs de presse, et l’autre, insérée dans l’édition du New York Times du dimanche.
  6. Pittsburg: ville de l’ouest de la Californie.
  7. Milton Hyland Erickson: (1901-1980) Psychiatre américain spécialisé dans l’hypnose médicale et la thérapie familiale. Il a été président fondateur de la Société américaine d’hypnose clinique et membre de l’Association américaine de psychopathologie. Il est reconnu pour son approche de l’inconscient comme solution créative et génératrice. Il est également connu pour influencer la thérapie brève, la thérapie familiale stratégique, des systèmes de thérapie familiale, la programmation neuro-linguistique.

Source: ccdh.fr

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